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Pourriez-vous présenter votre structure en quelques mots et nous parler de votre implication au sein de la délégation régionale de la FEHAP ?

Une étude néerlandaise précise que la durée de la vie humaine aurait bel et bien un « plafond de verre » fixé à 115,7 ans en moyenne pour les femmes et 114,1 ans pour les hommes. L’Association dite « Les Enfants des Cheminots » fête sa 114ème année d’existence, et ne souhaite pas en rester là…
Une telle longévité mérite bien un rappel historique ! Fondée le 30 mai 1906 à Paris, à sa création l’œuvre avait pour but de placer des enfants de cheminots en colonie de vacances. Elle est reconnue d’utilité publique par décret du 23 décembre 1920. Elle a pour but de soigner, de guérir, de rééduquer et d’aider dans leur développement physique et psychique les nourrissons, les enfants, les adolescents, voire les jeunes adultes, déficients, malades, accidentés ou handicapés.
De 1923 jusqu’à la dernière guerre, elle gérait deux préventoriums marins situés dans le Calvados en bord de mer. Ils accueillaient des enfants de cheminots garçons et filles âgés de 6 à 14 ans, atteints de tuberculose.
Après la guerre de 1939/1945, la destruction complète de ces centres conduisit les dirigeants de l’œuvre à rechercher un nouvel emplacement. Leur choix se portait sur une vaste propriété dénommée « la Prugne » située à ROMAGNAT (63540). Ce préventorium antituberculeux appelé à l’origine « centre de protection infantile » fut inauguré le 20 juin 1959 par Monsieur SEGALAT, Président du Conseil d’administration de la SNCF.
Je dirige le Centre Médical Infantile depuis mai 2004. C’est aujourd’hui une structure de 19 millions d’euros de CA, 280 ETP. Les champs d’activités se répartissent essentiellement dans le secteur sanitaire (120 lits et places SSR pédiatrique spécialité système nerveux, appareil locomoteur, métabolique et endocrinien, lits identifiés de soins palliatifs pédiatriques) et médico-social, avec un IEM de 46 lits et places dont le CPOM vient d’être signé, valorisant ainsi une transformation de l’offre avec la création d’un Sessad, Pcpe et l’accueil de 16-25 ans.
Nous disposons également d’une Maison des Parents (5 chambres, soit 10 accueils possibles) et d’une unité d’enseignement qui compte 14 enseignants de la maternelle à la terminale avec un coordonnateur pédagogique de l’Éducation Nationale.
Ces transformations et adaptations successives sont une belle opportunité dans le dispositif global de prise en charge que nous proposons et s’intègrent parfaitement dans ce qu’il convient d’appeler «une logique de parcours».
Pour ce qui est de mon engagement FEHAP, il a débuté en 2006, à la Délégation « Auvergne », et j’ai le plaisir désormais de poursuivre au titre « d’Auvergne-Rhône-Alpes ». J’ai été pendant 12 ans à la commission nationale FEHAP Enfance et Jeunesse et, depuis juin 2019, à la Commission Nationale SSR.
J’ai un grand plaisir à faire partie de cette Délégation aux côtés de collègues engagés et compétents, dans une atmosphère studieuse et conviviale… Ancré dans une philosophie du management qui place au même plan la performance économique et humaine au service de l’usager, je défends et prône au travers de mon action quotidienne les valeurs du secteur privé non lucratif.

Selon vous, quels sont les enjeux du secteur Privé non lucratif (PNL) ?

A l’origine, nos Associations, Établissements, Services… ont pris en charge des actions que la sphère « marchande » n’entendait pas assumer ou que les pouvoirs publics ne souhaitaient plus conserver dans leur champ de compétences. Désormais, nous sommes des acteurs à part entière d’un système de plus en plus concurrentiel… Mais le PNL lutte-t-il avec les mêmes armes ?
Le risque ? L’enjeu ? Dans un contexte de lourdes réformes : territoriales, des financements, du régime des autorisations…, c’est que « la concurrence » entre acteurs d’un même territoire, et parfois d’une même « fédération », nuise à la coopération et nous amène à nous dissocier. Selon l’adage « Ce qui n’évolue pas disparaît… », nous devons à mon sens nous attacher à proposer « des parcours » qui se distinguent des autres, et ceci nous incitera à investir davantage et à nous regrouper autour de projets fédérateurs et innovants.
Je m’aperçois d’ailleurs, et après échange avec des collègues, au travers de situations rencontrées sur le terrain que nous faisons parfois figure de « gentils » et ne sommes pas toujours respectés en tant qu’acteurs économiques de premier plan. Notre secteur est riche de sens, il nous faut valoriser l’ensemble des ressources humaines, par un effort d’information et de formation des bénévoles et des salariés, et la validation de leurs acquis potentiels, par la mutualisation de moyens permettant aux petites associations d’offrir à leurs salariés et bénévoles des formations de qualité et de la promotion sociale.
Notre modèle de « gouvernance » doit redoubler de vigilance avec l’idée que chacune des parties prenantes agit en faveur du projet associatif et du bien commun. Aujourd’hui, on ne peut que faire le constat que d’un côté le nombre et les besoins des personnes vulnérables sont en augmentation constante et que de l’autre côté les financements de l’offre ne peuvent plus satisfaire cette demande croissante.
L’enjeu financier, gage de pérennité, est primordial à relever. Comment en tant que « gestionnaires » diversifier nos sources de financement ? Pour répondre à ce défi, nous devrons sans doute imaginer et créer d’autres formes « coopératives », plus solidaires, plus justes, plus inclusives…

Quelles sont, pour vous, les priorités régionales à défendre pour les prochaines années ?

Pour ma part, les enjeux développés ci-dessus s’intègrent dans les priorités régionales à défendre. D’autre part, la Délégation AURA a construit avec l’ensemble des adhérents un Projet Stratégique Régional ambitieux.
Ce propos n’engage que moi, mais à l’avenir pour « exister » en tant qu’acteur régional de premier plan, je pense que nous nous devrons nous structurer en tant que Délégation Régionale sur un modèle différent du total « bénévolat ». Non pas que le terme se soit pas noble, mais force est de constater que d’autres fédérations ont des délégués salariés…
Permettez-moi donc pour terminer cette première Newsletter d’une nouvelle décennie, de saluer très sincèrement et chaleureusement l’engagement des membres du Bureau de la Délégation, qui en sus de la gestion de leurs établissements nous représentent et défendent nos intérêts dans nombre de réunions et commissions, et nos deux chargées de mission, Aude et Noémie. Merci !